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Maxime Détharet : la fin tragique d'un natif de Touchay

C'est par hasard, en effectuant des recherches sur internet sur un autre sujet, il y a quelques jours, que j'ai retrouvé ces informations qui peuvent entrer dans l'histoire de notre village. Par divers recoupements, j'ai reconstitué la fin tragique du parcours d'un homme né à Touchay le 22 août 1917 : Maxime Détharet. Ni sa veuve, ni sa fille ne connaissaient l'issue de l'histoire qui va suivre. Récit.


Nous sommes durant l'été 1944. Nous voilà plongés dans l'histoire des derniers trains partis pour les camps d'extermination allemands.

Dès le débarquement en Normandie du 6 juin par les Alliés, les polices allemandes de Bretagne regroupent sur Rennes la plupart de leurs prisonniers résistants, détenus jusqu'alors dans les prisons des autres départements bretons.

Tous ces prisonniers politiques détenus ainsi que des  prisonniers de guerre alliés et des soldats allemands condamnés à passer devant le conseil de guerre, sont embarqués dans deux convois en direction de Redon.

Le dernier convoi passe à Messac (Ille-et-Vilaine)  trois heures avant le passage d'une colonne américaine.

A Nantes, de nouveaux détenus sont embarqués. Au Lion-d'Angers, les deux convois sont réunis.

Le train camouflé sous des branchages et surveillé par des sentinelles, subit un mitraillage de l'aviation anglaise à Langeais les 6 et 7 août. Plus de 300 prisonniers réussirent à s'échapper. On relèvera 19 morts et 70 blessés. Les détenus sont alors conduits en camion ou à pied, à Saint-Pierre-des-Corps, près de Tours, où les attend un nouveau convoi. Ce dernier vient semble-t-il d'Angers.

Le convoi repart le 7 août avec d'autres personnes arrêtées  dans le Maine-et-Loire, dans la Mayenne, en Charente-Maritime (venues de Poitiers), dans les Deux-Sèvres et en Indre-et-Loire. Dans ce groupe, figure une quarantaine de gendarmes et de policiers de ce dernier département, emprisonnés à Tours après une rafle le 27 juillet 1944 à Loches, de la Gestapo et de la Feldgendarmerie assistées de la Milice française. Il semble  que ces gendarmes ont été arrêtés car ils avaient aidé des résistants.

Parmi ces gendarmes, il y a un certain Maxime Détharet,  27 ans, gendarme à la Brigade motorisée de Boussay (Indre-et-Loire). Maxime  Détharet est marié avec Germaine née Désiré.  Il ne reverra jamais plus son épouse enceinte d'une future  Françoise  qui va  naître  quelques jours plus tard le 16 août 1944. 

Le "voyage" pour atteindre Belfort durera 13 jours.

Un groupe important de prisonniers (207 au total) est libéré par miracle par un "Malgré-nous" (1) à Belfort, mais la majorité  des déportés furent dirigés à partir du 29 août vers Natzweiller, Neuengamme, Dachau et Ravensbrück. 

Maxime Détharet arrive à Neuengamme le 1er septembre 1944 (Matricule 43588).

Il semble qu'il ait séjourné aussi dans plusieurs autres camps proches : Wilhelmshaven, Farge, Homeburg, Sandbostel.

Sa douleureuse histoire va s'achever quelques mois plus tard, cinq jours avant la capitulation allemande du 8 mai 1945.  Maxime Détharet va disparaître dans la plus grande catastrophe maritime du XXème siècle.

C'est la tragédie inutile qui, le 3 mai 1945, causa la mort de 7.000 à 8.000 prisonniers des camps nazis. Ces prisonniers avaient été embarqués de force par les nazis dans la baie de Lübeck au nord de Neuengamme en Allemagne, sur plusieurs navires de la marine marchande allemande : le Cap Arcona, le Thielbek, l'Athens et le Deutschland. Le Cap Arcona et le Thielbeck furent bombardés par la Royal Air Force britannique, dont les prisonniers attendaient leur salut... Maxime Détharet était sur l'un de ces deux navires.




Le Cap Arcona en feu (photo Royal Air Force)

A la prochaine commémoration du 8 mai à Touchay, on pourra se rappeler de Maxime Détharet, un homme originaire de notre commune, l'une des dernières victimes de la barbarie nazie. Son nom figure d'ailleurs sur le monument aux morts dans le cimetière, dans la liste des victimes de la guerre 39-45.

Sa femme, Germaine (née Désiré), décédée en 1997 n'a jamais connu la vérité. Comme sa fille, elle a cru que la vie de Maxime s'était achevée au camp de Neuengamme.

Sa fille Françoise Détharet (veuve Legout) qui n'a donc jamais connu son père et qui a aujourd'hui 64 ans, est domiciliée à La Ferté-St-Aubin. Elle est retraitée de la mairie de cette cité du Loiret. Aujourd'hui, elle sait...grâce à internet (2).

                                                                                   Pascal Roblin

                                                                            30 décembre 2008


Dernière info : toujours grâce à internet, je viens de retrouver qu'une plaque commémorative apposée dans l'enceinte de la brigade territoriale de Gendarmerie de Preuilly-sur-Claise (à 5 km de Boussay, à 35 km de Loches) indique le nom de Maxime Détharet parmi cinq autres noms de gendarmes.

                                                              Le 29 juillet 2009

                                                              P.R.

                                                           -


Mémorial des victimes du Cap Acorna et du Thielbek

Neustadt/Holstein


(1) Le terme "Malgré-nous" définit les Alsaciens et Mosellans qui ont été enrôlés de force dans l'armée régulière allemande (la Wehrmacht) ou dans la branche militaire de la SS (la Waffen-SS), durant la Seconde Guerre mondiale.


(2) A noter aussi que Maxime Détharet est l'oncle de Daniel Détaret (sans h), le maire de Saint-Hilaire-en-Lignières qui ne connaissait pas non plus cette fin tragique.


Sources internet :


A LIRE :


http://pagesperso-orange.fr/memoiredeguerre/convoi44/


http://www.temoignages.re/article.php3?id_article=3766


http://www.monde-diplomatique.fr/2005/08/MAZOYER/12436





22/12/2008
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